Le joueur des Blazers va devoir assumer un rôle bien plus important dans le groupe de Vincent Collet, mais Nicolas Batum se réjouit du groupe, de l'état d'esprit de l'équipe de France et on sent un grande maturité chez ce joueur qui n'a que 25 ans.
Comment abordes-tu ce deuxième stage ?
Nicolas Batum : On a pu voir dès ce matin que la mentalité à l'entraînement a changé. On voit la différence de concentration entre le stage de Rouen et de l'INSEP par rapport à celui de maintenant. On sent là que les choses sérieuses vont commencer. Tout le monde est impliqué et c'est un des meilleurs entraînements ce matin et c'est un bon enchaînement après le match contre la Belgique où nous avions fait une bonne deuxième mi-temps. Là, on commence notre stage à Pau, on sent que tout le monde est concerné, que tout le monde est prêt à en découdre, c'est bien pour la suite."
"Nous allons avoir trois adversaires de qualité. Nous allons avoir quatre jours pour bien préparer ces rencontres. Croatie Serbie et la Grèce, c'est du très haut niveau européen et mondial. Ce sont des équipes qui ont fait des belles choses auparavant, notamment la Serbie en ce qui concerne le Mondial, la Croatie qui a fait un très bel Euro y a un an (quatrième) et la Grèce a d'excellents joueurs. C'est un bon tournoi pour nous, qui arrive au bon moment, un moment même charnière pour nous. Ce tournoi va découler sur une réduction de l'équipe par Vincent et ce tournoi va aussi nous servir de base pour le groupe."
En l'absence de Tony Parker on te vois déjà en leader. Est-ce trop tôt ?
N.B : "Non ce n'est pas trop. C'est vrai que le fait que Tony ne soit pas là va obliger certains joueurs à prendre plus de responsabilités et moi d'abord. J'ai été dans cette même situation il y a quatre ans. C'était simplement ma deuxième expérience avec les A et j'avais un peu de mal, mais là, je pense que ça arrive au bon moment."
"J'ai pas vraiment de pression,je suis plutôt excité. C'est une belle opportunité pour moi d'être sur le devant de la scène avec Florent Pietrus et Boris Diaw. A mon âge, à seulement 25 ans, pour l'équipe nationale dans un championnat du monde... Je pense que beaucoup de personnes aimeraient être à ma place. C'est génial pour moi, je le prends bien. Je suis pressé d'y être."
"C'est vrai qu'en fin de possession on lui donner la balle et on le laissait jouer. Là, nous n'avons pas ça cette année. Nous n'avons pas vraiment le joueur qui peut jouer du un contre un comme Tony et marquer huit ou dix points sur des coups de génie. Tony est un génie et un des meilleurs meneurs du monde, un des meilleurs basketteurs français de l'histoire donc tu ne le remplaces pas comme ça. Mais tu peux le remplacer par un collectif, c'est-à-dire jouer ensemble, bouger le ballon. On l'a bien vu lors de notre premier match de préparation face à la Belgique. Nous avons fait 19 passes décisives quand même. Nous sommes sur la bonne voie. Certes, il y a encore quelque balles perdues, mais on a encore trois quatre semaines pour bosser."
Faut-il un effort psychologique pour dépasser le stade d'avoir gagner le titre européen et de défendre ce statut au Mondial ?
N.B : "Le titre de champion d'Europe c'était l'année dernière. On ne va pas apporter le trophée sur le terrain et dire genre respectez-nous. On a un titre à défendre c'est sûr, mais là ce sont les championnats du monde, c'est une toute autre compétition, c'est un an après, nous n'avons pas Tony donc les joueurs vont nous regarder différemment. Ils vont dire vous êtes les champions d'Europe, mais Tony Parker n'est pas là. On va être respecté ? Je ne pense pas. On va être sous-estimé. Donc cela peut être une bonne chose pour nous de créer une surprise. A nous de jouer avec ça."
Comment te sens-tu après avoir retrouvé les playoffs avec les Blazers ?
N.B : Ce n'est pas la saison où j'ai marqué le plus de points, mais c'est ma saison la plus aboutie avec Portland, que ce soit collectivement ou individuellement. J'ai joué tous les matchs, de la pré-saison jusqu'au playoffs. Ça fait beaucoup de minutes, beaucoup de kilomètres parcourus, mais je suis bien. J'ai confiance. J'ai pas mal grandi, j'ai beaucoup mûri cette année et je suis vraiment content d'être en équipe de France, car j'ai l'opportunité de mettre tout ça à profit sur le terrain en ayant de nouvelles responsabilités. L'Euro 2013 m'a beaucoup aidé avec Portland. Je suis assez excité quand ça commence."
Justement, tu avais expliqué que tu as eu des difficultés en attaque lors de l'Euro 2013, mais que tu as compensé par la défense. Cette polyvalence vient de Portland ou de l'équipe de France ?
N.B : "On va dire que c'est plus l'expérience avec Vincent Collet qui m'a aidé à faire ça. Avant le jeune Nicolas Batum quand il ne marquait pas de point il s'effaçait. Là, j'ai réussi, mentalement et grâce à Vincent, à dépasser ça."
Je pense que ce que j'ai fait à l'Euro l'année dernière m'a aidé avec Portland cette année. Parce que je n'ai été que le quatrième marqueur de mon équipe, mais j'ai fait numéro un en temps de jeu. J'ai joué plus longtemps que LaMarcus Aldridge, Damian Lillard qui sont des All-Stars. Cela montre que le coach a confiance en moi, que je peux faire autre chose sur le terrain. Je n'ai pas besoin de marquer 15 ou 20 points par match pour être performant sur un match."
C'est clairement ce qui m'a aidé l'année dernière. Panne sèche d'adresse, j'ai jamais connu ça de ma vie sur une longue période. Mais j'ai réussi quand même à être performant sur d'autres secteurs du jeu autre que le scoring et cela m'a beaucoup aidé.J'ai fait une grosse saison grâce à ça et j'espère être encore meilleur avec l'équipe de France. Je prie pour qu'il n'y ait pas de panne d'adresse comme l'année dernière."
C'est ce que tu expliques à Rudy Gobert puisque tu sembles assez proche de lui ?
N.B : "Rudy va être important pour nous. Il est jeune, ça va être sa première expérience avec les A, dans un championnat du monde, dans une poule où il y a beaucoup beaucoup de gros intérieurs, je pense notamment aux frères Gasol, Serge Ibaka, Nene, Tiago Splitter ... Il aura du boulot, mais il a un énorme potentiel et je crois en Rudy."
"Il va être en équipe de France pendant des années et il est jeune encore. Faut juste lui expliquer deux trois trucs et il n'est pas obligé de marquer 10 ou 15 points. Le match qu'il a fait contre la Belgique c'était génial, mais nous n'aurons pas tout le temps des matchs comme ça, donc c'est à lui d'être meilleur dans d'autres secteurs comme le rebond, la défense ou le contre. Il peut être très performant et un des meilleurs du monde."
Pour rappel, Batman a terminé la saison avec les Blazers avec 13 points 47%, 36% à 3pts), 7,5 rebonds et 5,1 passes en 36 minutes de jeu de moyenne.