L'émouvante lettre de départ de Marcellus Sommerville à l'OLB !

L'émouvante lettre de départ de Marcellus Sommerville à l'OLB !

Orléans Loiret Basket - Pro B - Marcellus Sommerville
Crédit photo : Tuan Nguyen
Marcellus Sommerville a tout donné pour Orléans durant 3 saisons.

Deux saisons en Pro A, suivie d'une en Pro B, Marcellus Sommerville a tout goûté avec le club d'Orléans. Il a même été au bord d'offrir la remontée direct au club loirétain après une magnifique saison. Il s'en va, mais a voulu dire au revoir.

On a parfois l'image du joueur américain qui vient, qui joue et qui s'en va. Marcellus Sommerville n'est pas de ceux-là. Après dix saisons en France, celui que l'on surnomme "Cellus" est surement un des américains les plus français de notre championnat. A 36 ans, il tournait encore à 15,3 points de moyenne cette saison avec l'OLB et a été élu dans le meilleur cinq de Pro B.

 

Le Havre, Nancy, Cholet, Chalon, Roanne, Paris-Levallois, Le Mans et bien sûr Orléans, Sommerville connaît à peu près toute la France et y est attaché. Son fils jouait d'ailleurs cette saison en U13 dans le club orléanais. Il n'est jamais resté aussi longtemps dans un club qu'à Orléans, son attachement à cette ville est forte et il a voulu envoyer une véritable déclaration au club orléanais, à ses supporters, ses bénévoles, ses dirigeants avant de partir. En fin de contrat, il ne restera pas dans la préfecture loirétaine et aurait aimé dire au revoir à son club. Il a alors contacté la République du Centre pour pouvoir s'exprimer. On ne voit que très peu ce genre de choses dans le sport professionnel, c'est fort !

 

"Je voulais écrire une lettre aux supporters, soutiens, partenaires de l’OLB ainsi qu’à tous mes grands amis d’Orléans. Je suis tombé amoureux de la ville d’Orléans la première année où j’ai eu l’opportunité de jouer pour vous ! Le club était très ambitieux et il l’est toujours autant. Ce qui a toujours été constant lors de tous les changements, c’est mon envie de voir l’OLB réussir. J’ai joué avec cette passion de guerrier tous les soirs. Et je pense que c’était contagieux pour ceux qui aiment venir voir le basket au palais des sports. J’en ai fait l’expérience sur et en dehors du terrain.

Mais, ma pire expérience a été le décès de ma mère la saison dernière. Je ne peux pas expliquer la douleur que j’ai ressentie en la perdant. Et, à moins de l’avoir vécu, personne ne peut ressentir ou comprendre une telle douleur. J’ai joué pour un club, une ville que j’aime moins de 12 heures après sa mort. Un match qu’on a gagné contre Rouen à la maison (victoire 94-77 le 6 février). Une semaine plus tard, on perd de très peu en finale de la Leaders Cup alors que j’ai le panier de la gagne entre les mains. Et le ballon ne rentre pas ! Wow, je me suis dit. Pourquoi ça tombe sur moi ? Mais, ça fait partie du jeu. Cela peut tomber sur n’importe qui. C’est juste que j’en avais un peu plus gros sur le coeur que les autres à ce moment-là.

Est-ce que ça fait de moi un moins bon joueur parce que j’ai raté ce panier-là ? Absolument pas. Le basket est un sport de courses, d’arrêts, de déséquilibres et de stratégies. Avec également du coeur et de la passion. Que l’on gagne ou que l’on perde, je prends toujours mes responsabilités et j’assume mes actions. Je l’ai toujours fait. Comme ça, je suis toujours mon critique le plus virulent. A part peut-être ma femme. Elle est dure avec moi (rires) !

Quand vous construisez une équipe et que vous vous accrochez aux attentes que vous avez des joueurs, votre responsabilité est de considérer ce qu’ils font. Pas ce qu’ils sont capables de faire. Je suis la preuve vivante qu’on peut réussir dans le basket-ball en travaillant très dur et en étant au haut niveau chaque saison. Cela ne me dérange pas de jouer moins si c’est pour le bien de l’équipe. J’ai prouvé que quand le coach a voulu que je sorte du banc, je l’ai fait sans problème. J’ai pris mes responsabilités pour que l’équipe gagne des matches. Je suis un professionnel. Je travaille plus dur que n’importe qui dans l’équipe. Et c’est la raison pour laquelle je donne l’exemple en montrant le chemin à suivre. Donc, quand je parle, vous pouvez être sûr que je dis la vérité.

Je veux juste que vous, les supporters, sachiez que je me suis toujours battu pour gagner. Et pour que vous passiez une belle soirée au palais des sports. Et ça me manquera de faire le tour du palais après les matches ! J’aurais aimé avoir un au revoir en bonne et due forme pour les supporters d’Orléans. Parce qu’ils ont le droit de savoir que j’ai toujours apprécié leurs encouragements, leur soutien et leur amour du basket. Je sais que beaucoup de supporters et partenaires ne comprennent pas pourquoi je ne reviens pas à l’OLB la saison prochaine et si j’avais une réponse concrète, je vous la donnerais !

Il y a eu un article sur larep.fr me concernant avec lequel je ne suis pas d’accord. Ça concerne la mort de ma mère et le fait que cela a affecté mes performances. Ma mère aimait que je joue au basket. Et jouer a été comme une thérapie pour moi après sa disparition. Evidemment que cela n’a pas été facile à vivre et à gérer. Je serais fou de dire que je suis trop costaud pour que ça me touche. Je dis juste que ça m’a rendu plus fort d’en passer par là. En plus, à mes yeux, elle (en esprit) a enfin pu me voir jouer au niveau professionnel en France. A un sport qu’on aime tant tous les deux.

Je suis et j’ai toujours été une personne loyale et engagée. Et il se trouve que je joue au basket au niveau professionnel de la même manière. J’aime ce que je fais et ce sport me l’a toujours rendu. Malgré ce que certains peuvent penser de moi. Ce que l’on pense ne change pas ce que je fais ou ce que j’ai fait pour les équipes dans lesquelles j’ai jouées. Pour les aider à devenir meilleures. Trop de personnes ont des opinions alors qu’ils ne connaissent pas la moitié des faits.

Je sais qu’en tant qu’équipe, on a échoué de peu (l'OLB a été éliminé par Rouen en quart de finale les play-offs de ProB). Ce qui a été une déception pour tous ceux qui aiment l’OLB. Ça fait mal de lire des messages ou d’entendre des paroles offensantes de certaines personnes.

Je remercie les supporters pour leur soutien et je souhaite le meilleur à l’OLB. Et qui sait, peut-être reverrez-vous le numéro 15 au palais des sports un de ces jours. Pour conclure, je voudrais dire une grand merci à la ville tout entière."

Ce qui est clair, c'est que "Cellus" veut encore jouer. Mais où ira-t-il ? Restera-t-il en France ? Toutes les spéculations sont possibles et il est clair qu'il en a encore envie, en témoigne son avant-dernière phrase : "Et qui sait, peut-être reverrez-vous le numéro 15 au palais des sports un de ces jours". On imagine que ce n'est pas parce qu'il rêve que son maillot soit retiré en haut du Palais des Sports d'Orléans, mais plutôt, car il aimerait encore être sur les terrains. On espère évidemment revoir ce personnage attachant sur les terrains français la saison prochaine !