Inside Basket Europe a eu le privilège d’interviewer Johan Passave-Ducteil (2m00, 29 ans) juste avant la rencontre de Nanterre contre l’ASVEL remportée largement par la JSF 88-65. Le récent Champion d’Europe a gentiment accepté de revenir avec une très grande disponibilité sur ce fameux titre et les prochaines échéances qui vont arriver.
ISBE : Bonjour Jo. Pour commencer comment ne pas revenir sur ce magnifique titre de Champion d’Europe. On imagine que dans vos têtes vous devez encore être dans cette salle turc de Trabzonspor où 7500 fans en folie étaient contre vous !
Johan Passave-Ducteil : C’est sûr qu’on y est toujours un petit peu dans un coin de nos têtes car c’est un évènement qui marque. En toute honnêteté, après le titre de Champion de France Pro B, le titre de Champion de France Pro A et les autres trophées que nous avons raflés, tu n’arrives jamais à te dire qu’il peut se passer quelque chose d’encore mieux. Et finalement on le fait ! Une Coupe d’Europe ! Qui l’eut cru ? C’est juste invraisemblable. Même si depuis le début de l’EuroChallenge, on y est allé pour ça. Mais c’est vrai que le fait d’être Champion d’Europe trotte toujours dans nos têtes !
Revenons sur cette dernière action. Quand tu prends ce rebond offensif, est-ce que tu vois TJ Campbell couper vers le panier ? Qu’est-ce qui se passe dans ta tête à ce moment précis ?
Franchement maintenant j’ai eu beaucoup de recul pour pouvoir me remémorer cette action et je ne peux pas l’expliquer. Tout ce que je sais c’est que quand j’ai vu le tir déclenché de TJ Campbell, je voulais qu’une seule chose : récupérer le rebond. En sachant que j’avais eu la chance de voir le chrono. Donc je savais que quoiqu’il arrive, il fallait que je trouve une passe ou que j’essaie de tirer pour moi. Et en fait ce qu’il se passe, c’est qu’au moment où je prends le rebond, j’étais face à deux joueurs et j’ai la chance de récupérer la balle en deux temps. Mais j’ai déjà perdu du temps. Donc ensuite je n’ai qu’une seule option c’est de trouver une passe le plus rapidement possible. Et là j’ai le bonheur de croiser TJ. Nos regards s’étaient déjà croisés durant le début de sa coupe vers le panier. Je n’ai plus qu’à lui glisser la balle avec un pied de pivot et il finit le boulot.
Si tu devais choisir entre les titres de Champion de France Pro A, Pro B et d’EuroChallenge, lequel aurait ta préférence ?
Il n’y a pas à hésiter c’est le titre de Champion d’Europe. Le titre de Champion de France c’était une superbe émotion, on était dans la surprise en finissant 8ème du championnat. C’était l’aventure d’une bande de gars qui croyaient en ce qu’ils faisaient. Alors que là on arrivait dans une dynamique où on avait confirmé que l’on était une bonne équipe sur le plan sportif. Pour nous c’était tout sauf un hasard. Il y a toujours des petites circonstances où on a eu parfois un petit soupçon de chance ou un petit soupçon d’adresse mais voilà ce titre de champion d’Europe c’est parlant. C’est incontestable. Cela a mis tout le monde d’accord.
Le retour sur terre a été un peu plus difficile que prévu avec cette défaite à domicile contre Nancy.
Je ne suis pas de ceux qui se trouvent des excuses. Le match que l’on a perdu c’est parce que Nancy est arrivé beaucoup plus fort que nous. Et ils en ont surtout voulu plus que nous. Ce n’est pas que l’on ne s’est pas battu, mais voilà ils étaient prêts.
Néanmoins vous possédez le luxe d’avoir une belle avance sur Limoges vous permettant d’assurer cette seconde place.
Maintenant l’avantage, c’est que l’on a fait un bon parcours en championnat de France et un bon parcours européen et cela nous a permis d’avoir un petit capital sécurité. On a le luxe de pouvoir verrouiller cette seconde place le plus rapidement possible (l'interview a été réalisé avant ASVEL-Nanterre, ndlr). On ne va pas attendre un faux pas de Limoges. On préfère toujours faire les choses nous-mêmes. Il suffit d’une seule victoire sur les 4 derniers matchs pour assurer cette seconde place. Vous connaissez notre philosophie, on vient toujours pour gagner. On est vraiment dans un état d’esprit conquérant.
Vous devez en plus avoir l’envie de réaliser tout cela en hommage à Mykal Riley qui a malheureusement terminé sa saison.
Bien sûr, toujours. Pour le club, pour nous, pour Mykal. Je le maintiens, on a les 4 fantastiques dans notre équipe. Mais nous avons aussi un groupe, une ossature de français. Je ne veux pas dire que Mykal est indispensable mais je pense que nous avons les ressources nécessaires malgré cette absence pour terminer le championnat et pour avoir si besoin un renfort pour les Playoffs.
Pour les Playoffs, y a-t-il des équipes que tu aimerais éviter au premier tour ?
Non je n’ai pas cette logique car toutes les équipes qui vont valider leurs tickets c’est qu’elles l’auront mérités. Donc à partir de là, il y en restera qu’un ! C’est marche ou crève. Pour moi les Playoffs c’est un nouveau championnat. Tout le monde a eu son lot de bonheur et de malheur pendant la saison régulière mais là on oublie tout. C’est huit équipes qui ont fait le boulot pour « s’entretuer » et pour soulever ce précieux trophée.
Aujourd’hui, vous faites clairement parti des 3 équipes favorites du championnat en compagnie de Strasbourg et Limoges. Est-ce qu’au début de saison tu imaginais une seule seconde être à cette place à quelques journées de la fin de la saison régulière ?
Pour être honnête, un top 8 c’était le minimum. Franchement avec cet effectif, quand Pascal nous a annoncé ce recrutement, comment il avait fait son équipe, un top 8 cela aurait été le minimum. Maintenant, envisager le top 2, je ne l’aurais pas dit mais pour moi c’était le top 4. Le fait d’avoir Mam Jaiteh dans son éclosion, d’avoir récupérer Mykal Riley et TJ Campbell, c’était des supers renforts. Après il y a Kyle Weems qui s’est révélé que l’on ne connaissait pas. Et Jamal Shuler que vous connaissez mais avec une petite part d’incertitude pour savoir si la mayonnaise allait bien prendre. Donc de moi-même j’aurais annoncé un top 4. On m’aurait dit que c’est toujours plus facile de le dire une fois que c’est joué mais voilà au minimum c’était top 8 et au grand maximum le top 4.
Tu as parlé de Mam. Il est éligible pour la prochaine draft NBA. Penses-tu que c’est le bon moment pour lui ? Est-ce qu’il a une chance ?
Lorsque Mam est arrivé, on parlait beaucoup de lui mais il avait moins prouvé sur le terrain. Et là cette année il a beaucoup plus prouvé. Je suis dans sa logique. Si à la fin de cette année il ne traverse pas, moi je ne comprendrais pas. Pour moi le message est clair. Il a clairement passé un cap, tant sur le plan physique que dans son registre de poste 5. Cette année, les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Quelle équipe t’a particulièrement impressionné cette saison ?
Sans hésitation Châlons-Reims. Pour un club qui a eu une wild-card, j’adore leur état d’esprit. A aucun moment ils m’ont fait ressentir qu’ils venaient de la Pro B notamment au niveau de leurs infrastructures. Je trouve que c’est vraiment l’équipe qui montre que ce n’est pas parce qu’on vient de Pro B que l’on ne peut pas être tout de suite compétitif pour s’imposer en Pro A. Ce qu’ils font c’est fou. L’année où on est arrivé au maintien avec Nanterre, cela a été une longue année très difficile. Mais pour eux on a l’impression que cela a été facile.
Et pour terminer, un joueur qui t’a impressionné.
Pour moi c’est Adrien Moerman. La constance ! Même s’il a eu un petit coup de moins bien, il a mis le niveau à une hauteur tellement haute pendant 4-5 mois. C’est toujours le même problème après ça s’essouffle. Mais franchement pendant ces 5 mois, le niveau de jeu qu’il a affiché cela m’a vraiment impressionné.