Marie-Eve Paget (Nice) : ''J'ai envie de réussir''
Elle a illuminé le Final Four et la saison de Nice en LF2. De retour la saison prochaine en LFB, mais avec Angers, Marie-Eve Paget garde la tête froide et fait d'une grande maturité, à seulement 20 ans.
Nous sommes fiers chez Inside Basket Europe de parler de LF2, des actrices et des acteurs de ce championnat de passionnés, comme nous et comme vous. Aujourd'hui, nous avons eu le privilège de nous entretenir avec Marie-Eve Paget, meneuse de Nice et MVP du dernier Final Four de LF2. A seulement 20 ans, Marie-Eve fait preuve d'une incroyable maturité et c'est ce que nous vous proposons de découvrir à travers notre interview.
Inside Basket Europe : Tout d'abord bravo pour ta saison, le titre et sa distinction de MVP le week-end dernier au Final Four de LF2. Qu'est-ce que tu retiens de cette saison et de ce championnat ?
Marie-Eve Paget : J'avais déjà fait une année en Ligue 2 Féminine il y a deux ans, donc c'est un championnat que j'avais déjà connu. J'ai trouvé que le championnat était assez homogène, c'est-à-dire qu'il y avait certes des équipes qui étaient en dessous et au-dessus du lot, mais véritablement tout le monde pouvait gagner contre tout le monde.
Pour ma part, cela faisait longtemps que je n'avais pas pris une équipe en main, où j'étais la première meneuse. J'ai retrouvé cette sensation d'être vraiment un des leaders de l'équipe, notamment avec le rôle de capitaine et l'adaptation s'est faite rapidement.
ISBE : En plus dans une équipe qui était la favorite de LF2 cette saison ?
M-E.P : L'an passé, j'ai vécu une saison difficile avec la défaite, et tout ce qui a découlé par la suite, notamment les tensions au sein de l'équipe. Ce fut une année difficile à gérer au cours de laquelle on est descendu. Cependant, j'ai beaucoup appris de ça, j'ai appris beaucoup sur moi-même, j'ai également appris à relativiser.
Cela m'a certainement aidé à prendre un groupe en main de par mon expérience et ma progression. Le coach, Rachid Meziane, m'a également fait confiance et m'a donné les clefs du team. Je sens que j'ai pris de la maturité et que j'ai progressé techniquement et tactiquement, ce qui m'a permis d'en arriver là, de devenir première meneuse.
J'ai pu compter sur mes deux premières saisons à Nice et aussi mon passage avec les équipes de France notamment avec Jérôme Fournier.
ISBE : Justement, que t'ont apporté tes expériences en équipe de France et ton titre mondial de 3x3 ?
M-E.P : Le basket 3x3 est un jeu différent du 5 contre 5 dans le sens où il y a plus d'agressivité et de dureté. Cette expérience m'a permis de développer mon jeu. Je me souviens lors des premiers matchs, j'ai été surprise par l'agressivité et par la dureté que peut proposer ce jeu.
Cela m'a aidé à gagner en dureté et mon jeu en un-contre-un. Je suis partie à peine dix jours, mais quand on fait toute une journée au final, on développe ses côtés-là du jeu.
ISBE : Y-a-t-il eu une pression particulière, une adrénaline en plus avant d'aborder un Final Four où vous étiez attendues ?
M-E.P : Au niveau du club, Nice était prêt à organiser le Final Four de LF2. Nous l'avions déjà fait il y a deux ans. Après au niveau de l'équipe, je ne sais pas comment l'expliquer. On ne s'est pas mis de pression supplémentaire. On a fait le job, à savoir organiser le Final Four à la maison, donc après, c'était comme s'il nous restait qu'à prendre la cerise sur le gâteau. Et c'est une belle cerise, puisqu'il y a le titre et la montée en Ligue Féminine derrière, mais nous n'avions pas de pression en plus.
L'enjeu en lui-même en apporte forcément. Nous avons su rester nous-mêmes, nous n'avons pas cherché à réinventer notre basket. Nous avons travaillé simplement les petits détails. Ce n'est pas au moment de jouer le Final Four qu'il faut révolutionner son jeu. Il faut analyser les petits détails, voir le jeu adverse, etc. Je pense que nous avons abordé le Final Four comme nous avons abordé tous les matchs au cours de la saison de LF2. Notre régularité, le fait que nous sommes restées invaincues à domicile, ce Final Four n'était que la continuité de ce que nous avons produit sur la saison.
ISBE : Tu es reconnue à juste titre comme une organisatrice de jeu, mais as-tu senti des progrès dans d'autres secteurs notamment en défense ?
M-E.P : Plus tu joues dans une catégorie, plus on s'habitue à avoir un certain type de comportement. Je pense que j'ai gagné dans la lecture défensive, dans le sens où j'anticipe mieux les attaques adverses.
J'ai également progressé physiquement est forcément derrière cela aide dans le jeu et notamment dans le comportement défensif.
Je pense également que j'ai aussi une plus grande fiabilité dans mon tir à trois points, en tout cas, je le travaille beaucoup. C'est un secteur dans lequel je me sens de mieux en mieux.
ISBE : Tu rejoins Angers la saison prochaine, en qualité de deuxième meneuse ? Qu'attends-tu de ton passage là-bas ?
M-E.P : Je n'ai pas eu encore trop le temps d'y réfléchir. Il s'agit d'un nouveau projet et d'un nouveau défi pour moi. Je vais découvrir de nouvelles coéquipières, un nouvel environnement. Tout sera nouveau et il va falloir que je prouve que j'ai ma place dans ce groupe.
J'ai vraiment envie d'apporter du mieux que je peux. Le club a des ambitions et j'ai également des ambitions. J'espère être à la hauteur de ce défi. Je vais poursuivre ma progression, j'ai envie de réussir et d'atteindre mes futurs objectifs.
L'ambition du club, c'est de faire aussi bien que la saison qui vient de s'écouler, et pour moi, il s'agit de me mettre au niveau de ces ambitions-là. J'avais envie de retrouver la Ligue Féminine. Angers m'avait fait une proposition il y a un mois et demi et je ne pouvais faire attendre ou louper une telle opportunité.
Je ne pouvais pas prendre le risque entre guillemets de laisser passer cette occasion, même si j'ai confiance dans le club de Nice. Mon objectif est de perdurer en Ligue Féminine, de m'y installer. Forcément, j'espère devenir première meneuse en LFB et bien entendu intégrer l'Equipe de France.
ISBE : As-tu des modèles particuliers, tu as parlé d'Anna Montanana ?
M-E.P : Je n'ai pas vraiment de modèle. C'est sûr concernant Anna Montanana ce que j'adorais chez elle, c'est sa qualité de passes. Je n'ai pas tellement de joueuses sur lesquelles je vais m'inspirer, mais je connais plus ou moins les qualités des joueuses de haut niveau. Je vais plus m'intéresser aux qualités qu'elles ont toutes, plutôt que de me baser sur une joueuse en particulier.
Je sais par exemple que Céline Dumerc, c'est un personnage, qui a du charisme et qui porte toute une équipe. Ce n'est pas la joueuse qui va scorer comme une malade à tous les matchs. Mais c'est elle qui va faire la bonne action. Aux Jeux Olympiques, c'est elle clairement qui met le panier pour nous faire passer, donc j'admire ces qualités-là. Olivia Epoupa, une de mes amies, c'est une fille qui est très athlétique et qui est vraiment impressionnante en défense. Je vais là aussi m'inspirer de ces qualités-là.
ISBE : Tu es une très bonne distributrice de ballons ? Pourquoi ce tel engagement dans le secteur de la passe ?
M-E.P : C'est dans mon caractère en fait. Je suis quelqu'un qui adore partager qui donne beaucoup aux autres et c'est comme ça que je me sens bien et cela se retrouve dans mon jeu. Je préfère largement faire une passe décisive que marquer deux points.
ISBE : Qu'est-ce qui manque selon toi dans la médiatisation du basket féminin ?
M-E.P : Je tiens tout même à souligner qu'il y a eu du progrès par rapport à quelques années. Après ce qui manque avant tout, c'est la communication. Je pense que l'on ne fait pas assez de communication pour promouvoir le basket féminin.
Pour te donner un exemple, je suis sûr que plein de gens à Nice ne savaient pas que nous jouions le Final Four de LF2. Après je n'ai pas vraiment conscience de tout ce qui se passe.
Peut-être que les clubs ne font pas assez de communication, mais je vois aussi des actions que me font penser le contraire, notamment quand je vois ce qui est fait à Lyon, et même à Nice il y a des événements que nous organisons. Après je ne sais pas précisément ce qui manque.
Après nous sommes dans une société où on pense foot, et sports masculins. Nous, nous sommes des filles et nous jouons au basket. Donc, il faudrait les moyens pour changer les mentalités des gens et que le basket et le sport féminin tout court, puissent être mieux médiatisés.
Oui y avait du monde au stade. Le club avait d'ailleurs mis en vente des billets à des prix très abordables par rapport à la fois où nous avions organisé le Final Four de LF2 il y a deux ans. Le public est venu en nombre et a parfaitement joué son rôle de sixième homme. Ce public l'a fait à merveille.
@ : Emmanuel Nicolai
ISBE : Comme la plupart des joueuses, tu as un calendrier assez compliqué. Tu es en basket universitaire, tu étudies en STAPS et tu jouais avec Nice le haut du tableau et la montée. Comment on gère cette double voire triple vie ?
M-E.P : Il faut tout simplement une bonne organisation. Le basket universitaire ne me prend pas énormément de temps, mais il est vrai qu'entre les cours et le basket c'est compliqué, mais c'est simplement une question d'organisation et de volonté. Des fois, on est fatigué, mais il faut s'accrocher si on veut y arriver. Il faut rester régulier, s'imposer des objectifs également et les respecter surtout. Quand on commence à décrocher, c'est très dur de se remettre dedans.
Si on a réellement envie de réaliser ses deux projets en même temps, on peut le faire. Si le STAPS ne me plaisait pas, c'est évidemment que je ne me donnerai pas à fond de la même façon sur les deux tableaux.
ISBE : Merci pour cet entretien Marie-Eve Paget et à très vite.
M-E P : A très vite.
Marie-Eve Paget termine la saison LF2 2014-2015 avec 9,3 points (52%, 31% à 3pts), 4,1 passes (deuxième meilleure passeuse), 3,1 rebonds et 2,2 interceptions (7e) en 29 minutes de jeu de moyenne.
Palmarès :
Championne du Monde 3x3 Universitaire en 2014
Championne d'Europe U20 en 2014
Médaillée d’argent au Mondial U19 en 2013
Championne de France Espoirs LFB en 2012
Médaillée de bronze à l’Euro Cadettes en 2010
@ : Sylvie Paget