ISBE : Bonjour Paul, merci de m’accorder du temps, peux-tu présenter ton parcours à nos lecteurs ?
Paul Turpin : J'ai commencé le basket à l'âge de 4 ans dans un club tout près de Pau, l'Us Orthez. En Minime, j'ai rejoint le centre de Formation de l'Elan Béarnais, où j'y ai parfait ma formation. En effet, j'ai eu la chance de jouer en minime France, Cadet France, Espoir Pro A dans l'un des meilleurs centres de formation de France. J'ai ensuite connu la Nationale 3 et la Nationale 2, à Pau Nord Est, quand Pau-Lacq-Orthez a été rétrogradé en Pro B. Non conservé par l'Elan, je suis parti à Cognac club de Nationale 1 et aujourd’hui je suis en Pro B à Saint-Chamond.
Pendant ton passage dans le Béarn, tu as eu la chance de remporter plusieurs trophées. Peux-tu nous énumérer ton palmarès ?
Oui, l'année 2012-2013 où je joue en N3, je suis champion de France en ne perdant que deux matchs dans la saison. Nous étions coachés par Fred Fauthoux, aujourd'hui coach de Paris-Levallois en Pro A. La même année nous perdons en finale de la Coupe de France à Bercy face aux espoirs de Gravelines-Dunkerque. L'année suivante, en Nationale 2, nous avons joué les play-off pour monter en N1, mais le club n'avait pas la structure pour assurer une éventuelle montée donc le groupe a décidé de laisser tomber les phases finales et de se consacrer à la Coupe du Sud-Ouest, dans les mythiques arènes de Pomarez (Landes). Malheureusement, nous nous sommes inclinés en finale d'un point. On avait une très bonne équipe, beaucoup de mes coéquipiers sont aujourd'hui en Nationale 1 voire Pro B.
Pendant la saison 2013-2014, tu as fait des apparitions en Pro sous le maillot de l'Elan Béarnais. Quels souvenirs gardes-tu de ton passage, dans le club de ton cœur ?
Je ne garde que des bons souvenirs. 8 ans passés dans un club, c'est juste merveilleux. Quand à 13 ans je suis rentré dans le palais des sports, mon rêve était un jour de pouvoir y jouer avec les professionnels. Petit à petit, j'ai réussi à intégrer le groupe, par des blessures ou des conditions de matchs, le coach m'a fait rentrer. En Pro B j'ai pu faire quelques bonnes prestations, en Pro A c'était plus compliqué car il y avait de très bons joueurs comme Michael Thompson ou Remi Lesca. Lors de ma dernière rencontre sous le maillot de l'Elan, j'inscris les derniers points du match. Je savais que je n'étais pas conservé par le club et inscrire ce panier restera un souvenir, mon plus beau souvenir.
Une déception de ne pas avoir signé en fin de saison ton premier contrat ?
Oui, une grosse déception de ne pas avoir signé pro. Je pensais avoir fait le nécessaire pour pouvoir être gardé. Je me suis donné à fond, mais c'était le choix des dirigeants de ne pas avoir de meneur remplaçant la saison d'après car même Remi Lesca n'a pas été re-signé. C'est une décision que je respecte même si elle a été difficile à accepter. C'était un rêve d'enfant, le club de chez moi, avec une superbe histoire. Quand tu es à quelques mois de signer en Pro A et que tu finis en N1 tu prends un coup sur la tête, mais il faut savoir se relever et se dire que ça sera un autre parcours que j'aurais à faire pour accéder au plus niveau.
Qu'est qui t'a manqué pour ne pas signer à L'Elan ou dans un autre club de Pro A ?
Dans un autre club de Pro A, quand tu es jeune c'est très compliqué. Physiquement je savais que je devais progresser, comme beaucoup de jeunes, je ne suis pas un monstre athlétique. Je n'ai pas eu non plus beaucoup d'opportunités de montrer que j'avais le niveau d'évoluer en Pro A, à Pau ou ailleurs. Après je ne suis pas le seul, des joueurs comme Bastien Pinaud ou Pierre Pelos avaient aussi la possibilité de signer, mais le club a décidé cette année-là de changer de philosophie. C'est sans doute un mal pour un bien, ça m'a permis de partir et de découvrir autre chose.
L'an dernier, tu as signé en N1 à Cognac, saison soldée par une descente en Nationale 2. Que retiens tu de ton aventure en Charente ?
Saison très difficile. Une année compliquée au niveau du recrutement, la mayonnaise dans l'équipe n'a jamais pris. Quand tu quittes un club comme Pau, où tu avais l'habitude de gagner, et que tu arrives dans un club ou tu vas connaître la relégation c'est très dur à accepter. Alors oui, j'ai eu davantage de responsabilités, mais j'ai eu beaucoup de mal à m'y mettre. Quand l'équipe est créée pour jouer la montée, et qu'elle se retrouve à lutter pour ne pas descendre c'est mentalement très compliqué. En fin de saison, quand nous étions condamnés c'était un peu mieux. L'équipe était sans doute mieux équilibrée, le coach me faisait plus confiance, je me sentais plus épanoui. Ça reste quand même un gros échec.
En début de saison, tu signes à Saint-Chamond en Pro B. Quel a été le projet que le club t'a proposé et surtout les objectifs personnels que les dirigeants t'ont fixés?
Ils m'ont proposé le poste de meneur n°2. Nous sommes l'une des rares équipes du championnat à avoir deux meneurs français. Je partage donc le poste avec Mathieu Guichard, qui lui était déjà au club l'an dernier. Ils m'ont dit qu'il n'y avait pas de temps de jeu limité, je jouerais ce que je mérite. Je suis arrivé hyper motivé, je savais ce que je valais, mais c'était à moi de prouver. Je n'ai pas hésité une seule seconde à m'engager, je sortais d'une saison difficile à Cognac où j'avais connu une descente, et je savais qu’avoir un club de Pro B ne serait pas une mince affaire. C'est à moi de faire le job, pour jouer le plus possible et de montrer que j'ai le niveau pour évoluer dans ce championnat.
Et les Objectifs du club ?
Officiellement le maintien, mais voilà quand tu es joueur tu essaies de te fixer des objectifs plus élevés. Donc nous le groupe, le staff on avait l'objectif de jouer les playoffs...
Tu signes dans le club en même temps que Pierre Pelos, ton ami et partenaire depuis très longtemps. Le savoir à tes côtés, a dû te rassurer dans un premier temps et t'aider à t'acclimater beaucoup plus rapidement?
Oui bien entendu, je pense que de le savoir avec moi était une très bonne chose pour moi, mais aussi pour lui. Pierre est mon ami, on se connait depuis longtemps et ça se ressent sur le terrain. On a connu beaucoup de choses ensemble, et c'est vrai que sur le terrain on se trouve les yeux fermés. Je connais ses points forts, il connait les miens, nous sommes le même type de joueur. Nous n'avons pas la chance d’être des monstres physiquement, mais nous avons la chance d'avoir été très bien formés. Mais Saint-Chamond reste un club très familial, il y a encore beaucoup de bénévoles au club, ça nous rappelle beaucoup notre passage à Pau Nord Est. Je me suis donc très vite acclimaté.
Petite anecdote sympa, ton capitaine Jean-Stephane Rinna a joué à Hagetmau petite commune Landaise. Vous discutez parfois de son passage dans le Sud-Ouest ?
Oui, en début de saison, nous avons parlé de la région. Lui aussi a connu la Nationale 3 et la Nationale 2. Il a d'ailleurs été coaché par Robert Bialé que je connais très bien et qui est le père d'un ami, donc sa présence a facilité mon intégration. Mais ce qui est bien dans l'équipe c'est que la plupart d'entre nous avons connu les niveaux inférieurs.
En début d'entretien tu me disais la chance que tu avais eu d'avoir été formé à L'élan Béarnais. Quand tu vois tous tes anciens coéquipiers évoluer en Professionnel, cela doit te satisfaire ?
Oui énormément. Je suis toutes les statistiques de mes anciens coéquipiers car ils sont avant tout mes amis et je souhaite que tout le monde réussisse. Cela prouve que la formation paloise est vraiment bien, nous avons été hyper bien formés au niveau de la technique, la culture basket. Tous les coachs que nous avons eu nous ont poussés et appris à être exigeant. Aujourd'hui c'est très flatteur de pouvoir voir par exemple Bastien Pinaud briller à Evreux, Pierre et moi à Saint-Chamond, Bryan Pamba à Lille. J'espère que ce n'est pas terminé, et que nous pourrons un jour tous nous rencontrer à l'étage supérieur.
Tu as raison en vantant les mérites de la formation paloise, mais ne trouves tu pas dommage que aucun d'entre vous puisse évoluer dans votre club formateur ?
Oui bien sûr que c'est dommage. Nous avions une très grosse génération. Quand je vois les progrès de chacun durant nos saisons avec Fred Fauthoux, et qu’au final aucun ne passe pro, je peux te garantir que c'est douloureux. Mais c'est la dure loi du monde professionnel. Quand je vois ce que chacun réalise aujourd'hui, si on avait eu notre chance peut être que nous serions encore palois, mais pour qu'un jeune puisse jouer en Pro A il lui faut du temps et Pau n'en avait peut-être pas quand il fallait nous faire signer. C'est navrant car la génération précédente (Remi Lesca, Jean-Fred Morency) a eu le même parcours que nous, et eux ont tous signé pro, car à ce moment la Pau faisait confiance aux jeunes.
La fin de saison approche, vous êtes actuellement 14ème égalité avec Roanne premier relégable penses-tu que vous allez vous maintenir ?
Oui je nous pense capables de nous maintenir. Il reste 9 matchs tout est encore possible. Nous sommes 4 équipes à la lutte, je sais que nous pouvons remporter les victoires qui nous permettrons de rester en Pro B l'an prochain. On joue mieux que beaucoup d'équipes, nous devrons être plus durs, plus méchants. Ça va être difficile jusque au bout. Tes ambitions à long terme ? Retrouver d'ici 2-3 ans la Pro A. Je sais que j'ai le talent pour, il me faut juste saisir les opportunités qui me seront proposées. Je ne me fixe pas de limite, dans ce sport on est à l'abri de rien. Bien sûr que je rêve comme tout joueur de jouer un jour en Euroligue, mais je prends ce qui est à prendre sans vraiment penser à ce que sera demain.
Donc l'an prochain toujours à Saint-Chamond ?
Je suis ouvert à tout. Je n'ai signé qu'un an, donc tout dépendra du maintien. Je veux rester en Pro B dans un club qui me fait confiance. Jouer pour un coach qui croit en moi et qui sait de quoi je suis capable. Cette saison j'ai démontré que j'avais le niveau, mais que je suis capable de faire de choses encore plus belles. J'ai besoin de confiance, je dois exploser !
Cette année Pau-Lacq-Orthez est en passe de retrouver les playoffs, tu suis les résultats ?
Bien sûr que je les suis, je reste un fan de Pau. Je regarde les matchs quand ils sont télévisés. Je lis le site officiel du club, la presse, je vois ce qui ce passe, je suis resté en contact avec quelques membres du club. Je suis heureux pour eux et j’espère qu'ils pourront se qualifier car les supporters palois méritent de retrouver les playoffs.
Merci beaucoup Paul, d'avoir accepté de partager ton vécu dans le basket. Si aujourd'hui tu dois remercier des gens qui ont fait de toi le joueur et surtout l'homme que tu es.
Mes parents qui ont toujours cru en moi, même dans les moments de doute. Mon frère qui suit mon parcours et dont je suis très proche. Mon groupe d'amis et ma copine, qui me supporte au quotidien. Mais je souhaite avant tout remercier tous mes coachs. Thierry Trouillet, que j'ai connu à Orthez et que j'ai retrouvé au centre de Formation. Il m'a fait confiance en tout premier. Puis Freddy Fauthoux, qui est sans aucun doute la personne la plus importante. Il m'a fait grandir en tant que joueur, mais surtout en tant qu'homme. Il a toujours su me dire les choses, et aujourd'hui si j'en suis là c'est en partie grâce lui...